Risques psychosociaux du télétravail : employeurs, reprenez le contrôle !

23 juin 2025

Le télétravail s’est aujourd’hui installé dans les pratiques des entreprises et concerne un salarié sur quatre. Si cette nouvelle organisation séduit par ses avantages  (gain de temps, flexibilité, confort, autonomie), elle cache aussi des risques psychosociaux  spécifiques. Isolement, hyperconnexion, tensions dans les équipes… Ces risques impactent directement la santé mentale  des salariés et exposent l’entreprise à des difficultés économiques et organisationnelles. Un nouveau défi se pose pour l’employeur : comment protéger efficacement les équipes à distance , sans pouvoir maîtriser  leurs conditions de travail ? Découvrez nos conseils pour engager une démarche efficace de prévention des risques psychosociaux liés au télétravail.

Repérez les signaux d'alerte des risques psychosociaux du télétravail

Par nature, le télétravail est un mode de travail distancié de l’entreprise, solitaire et dépendant des outils numériques pour les échanges et les tâches.

Principalement pratiqué à domicile, il nécessite un environnement de travail adéquat et une organisation rigoureuse.
Pour de nombreux salariés, il ne pose aucun problème et augmente la qualité de vie au travail. Mais il peut aussi être source d’un stress qui favorise la dépression, voire l’épuisement professionnel. 
Des études ont mis en lumière les principaux risques psychosociaux du télétravail. L’éloignement géographique ainsi que la perte des relations conviviales, de la dynamique collective et du soutien professionnel « physiques » peuvent entraîner un sentiment d’isolement.

Ils peuvent également favoriser une crainte de mal faire, d’être exclu des projets ou d’être pénalisé dans l’évolution de carrière. En outre, le télétravail allonge la durée et l’intensité du travail journalier, exposant les salariés au surmenage. 

La surcharge de travail peut provenir de limites de temps de travail mal posées ainsi qu’à la nécessité de recherche d’information et de reporting. 

À la fatigue s’ajoute la saturation cognitive liée à la surutilisation des écrans. Le télétravailleur adopte parfois un présentéisme « compensateur » : il se tient disponible de façon hyper-réactive et à tout moment, le soir, le week-end et même en cas de maladie. 

À la déconnexion sociale s’associe donc une hyperconnexion numérique. De plus, le télétravail peut provoquer un déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle source d’insatisfaction, de surcharge mentale et de conflits familiaux. 

Enfin, en apparaissant comme un avantage qui complexifie la coordination au sein des équipes, le télétravail est susceptible de créer des tensions avec les salariés en présentiel . 

Prévenir les risques psychosociaux​ par un cadre du télétravail

L’employeur a les mêmes obligations de prévention des risques psychosociaux (RPS) envers ses salariés en télétravail et en présentiel. Il doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la santé mentale et physique de tous ses collaborateurs. 

Le Document Unique d’Évaluation des risques Professionnels (DUERP) devrait donc prendre en compte les risques psychosociaux du télétravail. Schématiquement, les principes de la démarche de prévention sont les mêmes pour tous les risques professionnels : les identifier, les évaluer, agir pour les réduire, informer et former les salariés, rester à l’écoute des besoins et suivre les résultats des actions. 

Cependant, les modalités particulières du télétravail impliquent des méthodes et actions adaptées .

Ce sont les managers de proximité, les plus en contact avec les télétravailleurs, qui peuvent jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de la démarche de prévention des risques psychosociaux liés au télétravail.

 Peuvent également y participer le référent RPS, le comité social et économique (CSE), le service de prévention et de santé au travail (SPST) et le psychologue du travail. 

Les managers doivent être sensibilisés aux RPS liés au télétravail et formés à la détection, plus difficile du fait de la distance, des signes de problèmes d’organisation et de mal-être chez les télétravailleurs.

Les signaux d’alertes  incluent la nervosité, les retards aux sollicitations ou aux rendus, les coupures de la caméra en visio, la perte de la qualité du travail, etc.

 Les managers doivent échanger régulièrement avec les télétravailleurs et leur apporter soutien, conseils et orientation en cas de difficulté.

Quelles mesures de prévention des risques mettre en place ? 


Les actions utiles à la prévention risques psychosociaux du télétravail dépendent de nombreux paramètres liés à l’organisation de l’entreprise, son activité ou encore à l’expérience de ses télétravailleurs. 

Parmi elles, certaines sont largement recommandées : 

  • Définir clairement le temps et la charge de travail : le télétravailleur ne doit pas être incité à rester disponible en-dehors des horaires et jours prévus. Rappelez-lui son droit à la déconnexion numérique. Les objectifs, priorités et livrables de l’activité doivent être discutés avec le télétravailleur, déterminés de façon réaliste et formalisés.
  • Proposer aux télétravailleurs des formations qui leur seraient utiles, par exemple aux outils numériques, mais aussi un soutien psychologique accessible à distance en cas de difficulté.
  • Organiser des sessions de bonnes pratiques du télétravail, par exemple sur l’agencement du poste de travail à domicile, la lutte contre la sédentarité, le respect des pauses, etc. 
  • Informer les salariés en présentiel sur les particularités du télétravail et l’importance du soutien aux télétravailleur en difficulté.
  • Organiser des sessions conviviales avec les équipes en présentiel pour conserver ou renouer les liens. En début de chaque visio de travail, il est également utile de consacrer quelques minutes à des échanges informels. 

Afin de suivre l’efficacité des mesures de prévention des risques psychosociaux mises en œuvre, il est important de faire régulièrement le point avec chaque télétravailleur, en visio ou en présentiel. Les résultats de la démarche doivent être reportés chaque année dans le DUERP .

Pour aller plus loin  : 

DARES : Les risques psychosociaux associés au développement du télétravail, Recherche en bref n°1, mars 2025